Moins connue que celle de Paris, la bijouterie-joaillerie de Marseille n’en est pas moins l’une des plus importantes de France.
La ville de Marseille a su se diversifier et enrichir le luxe national grâce notamment à sa position sur la Méditerranée. On compte aujourd’hui dans la Cité phocéenne de nombreuses boutiques comme pour les bijouteries de Paris et surtout des ateliers centenaires. Parmi les plus emblématiques nous retrouvons la maison Pellegrin & fils et l’incontournable William Artisan Bijoutier. Ces entreprises font la fierté de la ville et, au-delà, de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
D’après les travaux de différents chercheurs qui ont étudié l’industrie et le commerce de cette ville avant la révolution de 1789, l’orfèvrerie était déjà développée à Marseille aux XIIe et XIIIe siècles. Elle semblait même très prospère à cette époque, au point de conférer au corps des orfèvres de Provence un rang privilégié dans la société. On pense toutefois que la plus grande partie de la production se composait d’ouvrages d’art religieux. Des textes rapportent ainsi que Rostaing Flor de Léon a fabriqué une croix d’argent pour le couvent du Mont-Carmel et la fit poinçonner à la marque de la cité portuaire. Au fil des siècles, sous Louis XIV notamment, Marseille va bénéficier de privilèges extraordinaires qui vont lui permettre de connaître une activité florissante. Avec l’intensification des échanges entre continent, la commune a également tiré profit de son ouverture sur la Méditerranée. Une position privilégiée pour s’enrichir du savoir-faire des pays du pourtour, surtout ceux d’Afrique du Nord.
Une sorte d’héritage collectif
Au XVIIe siècle, Marseille va enregistrer l’ouverture de nombreux ateliers, qui vont s’animer de père en fils. Certains, encore en activité aujourd’hui, font même figure de référence pour les amateurs de luxe. Il s’agit en premier lieu de Pellegrin & fils, une maison créée en 1840 par François-Arnaud Pellegrin. C’est sous Napoléon III que ce joaillier dessine ses premières créations de bijoux étape pas étape dans son atelier. Depuis ces esquisses, cinq générations sont passées, mais l’héritage continue de vivifier la Provence-Alpes-Côte d’Azur. D’abord installée rue Noailles, puis à la Canebière, Pellegrin & fils va s’ouvrir l’horlogerie à la rue Davso. Elle compte actuellement trois points de vente à Marseille et un à Aix-en-Provence.
Un point d’honneur sur la qualité et la provenance
La maison emblématique William Artisan Bijoutier, située au Quartier Opéra, dans la commerçante rue Paradis. Ici aussi, les bijoux sont une affaire de famille depuis plus de quatre générations. L’histoire a commencé en Tunisie avec l’arrière-grand-père et le grand-père puis à Marseille avec le père de William Naim, actuellement aux commandes. Bien qu’il existe d’autres ateliers en France, celui de Marseille reste le cœur de l’activité de l’entreprise familiale. Cette manufacture permet de fabriquer artisanalement des pièces de joaillerie fine en or 18 carats et des pièces en argent 925. Les 80 artisans qui y travaillent choisissent les pierres précieuses auprès d’un maître diamantaire. Ils les façonnent ensuite afin de les sertir sur une monture choisie de commun accord. Chacun des bijoux produit dans cet établissement est poinçonné avec le poinçon de maître, un gage de qualité et de provenance des pièces.
Des bijoux de haute fantaisie
A Marseille, il y a en outre la maison Gas Bijoux fondée en 1969 à Saint-Tropez par André Gas. Cette marque très connue a installé son atelier au quartier Préfecture à Marseille pour capter l’inspiration nécessaire à la création de ses bijoux de haute fantaisie. Le processus de création se fait par une série d’opérations bien précises : Tous les façonniers doivent découper, assembler, polir marteler, brosser, enfiler, emballer, émailler et travailler à la main chaque produit. L’entreprise utilisait jusqu’ici des pièces confectionnées dans l’art de l’artisanat. Aujourd’hui, elle s’oriente vers de nouvelles matières comme les perles, les joncs, l’émail, les pierres fines, le verre de Bohème ou encore le bronze.
Des charms, le bracelet « Massaï »…
Dans la cité phocéenne, les accessoires se veulent uniques et originaux, des bagues aux colliers, en passant par les pendentifs les boucles d’oreilles, les charms et les bracelets. On peut y trouver le bracelet « Massaï », un jonc sur lequel s’enroule des fils de coton ou des peaux d’animaux comme le python. Aussi, retrouve-t-on des bagues avec des pierres fines de Jaipur, des boucles d’oreilles et des colliers porte-bonheur avec un petit scarabée. Ces merveilles de l’artisanat sont incrustées de pierres précieuses telles que le diamant, l’émeraude, le saphir et le platine, ainsi que de métaux nobles comme l’acier et l’argent. Elles conviennent parfaitement aux femmes marseillaises en quête d’élégance et de légèreté, mais aussi de liberté et d’exotisme. Ces deux sentiments ont toujours animé leur cité depuis plusieurs siècles. Une réalité à laquelle la situation géographique proche de la mer n’est pas étrangère.